«Tout le monde a un ami à chaque étape de sa vie,
mais seulement quelques personnes ont le même ami à toutes les étapes de leur vie».

careymulliganspai et unknow@tumblr

Il suffit juste d'un peu de motivation. Tu peux y arriver, tu y arrives toujours après tout. Qui est-ce qui s'est battue avec une vieille folle pour un taxi à Las Vegas, alors qu'elle était déjà enceinte de trois mois ? Qui est-ce qui a décroché un gros contrat pour la conception d'une bande dessiné ? Qui est-ce qui a passé toute une nuit à travailler pour finalement réussir à se créer sa première parfaite fausse carte d'identité ? Et maintenant, tu vas me dire que tu n'es pas capable de te lever du canapé ! Allez Luaine, un peu de courage ! C'était ce que la jeune fille se ressassait depuis cinq minutes en essayant de se désencastrer du canapé sur lequel elle était allongée. Elle prenait de l'élan, s'élançait, et retombait comme un sac.

Enfin, au prix d'un effort extrême, elle se redressa en prenant appui sur la table basse, et se mit debout sur ses jambes tremblantes. Elle poussa un soupir de satisfaction. -La victoire de l'esprit sur le corps ! Lança-t-elle triomphante au chat assit sur le rebord de la fenêtre. Après avoir réarrangé les coussins sur lesquels elle s'était vautrée, la brunette s'étira paresseusement. La jeune femme serait volontiers aller se coucher, elle avait du sommeil à rattraper. Mais ce n'était même pas la peine d'y penser, elle avait rendez-vous avec sa meilleure amie, Lou-June dans une heure.

UNE HEUUUUUUURE ! Luaine regarda sa montre une deuxième fois, bouche bée, puis une troisième, et une quatrième, avant de réussir à digérer l'information. Elle avait soixante minutes pour se préparer et rejoindre son amie à Forsythe Residence. Peine perdue, un autre but inatteignable pour elle. La jeune femme haussa les épaules avant de trainer ses pantoufles jusqu'à la salle de bains. Le miroir était devenu son pire ennemi depuis quelque temps. Elle se figea devant, observant son visage avec désespoir. Depuis le début de sa grossesse, elle n'avait cessée de se transformer, petit à petit, en zombie. En effet, elle avait la peau extrêmement pâle, presque translucide, les traits tirés, l'air fatigué et des cernes de panda sous les yeux. Et malgré tout ça, elle semblait... Rayonner. Une sorte de bien être émanait d'elle. Allez savoir comment. Elle démêla tant bien que mal sa tignasse brune avant de la natter avec précaution. Avec la journée qui l'attendait, mieux valait favoriser le confortable à l'élégant. Puis elle appliqua un peu de correcteur pour cacher ses cernes puis se résolut à chercher une tenue potable dans sa valise. Cela faisait pas mal de temps qu'elle n'avait pas fait les boutiques, et la plupart de ses vêtements étaient trop petit pour elle maintenant. Elle avait gonflé comme un ballon de baudruche au cours des huit derniers mois. Malgré tout, la jeune femme réussit à extirper un leggins, une tunique et une paire de ballerines (le seul élément de sa garde-robe qu'elle n'avait pas besoin de changer pour cause de gonflement intempestif) de sa valise qu'elle se dépêcha d'enfiler.

Depuis qu'elle était arrivée à Canonsburg, Luaine avait élu domicile chez un Elijah, un parfait inconnu à l'époque, qui avait offert de l'héberger lorsqu'elle s'était fait jeter de l'hôtel. L'objectif du jour était donc de trouver un appartement à la jeune femme, afin qu'elle arrête de squatter chez lui. Elle avait l'impression de n'avoir déjà que trop abusé de son hospitalité. C'était la raison pour laquelle elle avait rendez-vous avec Lou-June. Les deux amies avaient l'intention d'écumer les agences immobilières, toute la journée s'il le fallait, jusqu'à trouver l'endroit parfait. Après avoir vérifié une énième fois que l'appartement était propre et qu'elle n'avait pas laissé ses affaires trainer partout, elle se saisit de son sac et de son manteau avant de sortir. Il ne lui fallut que quelques minutes de marche pour rejoindre l'appartement qu'L-J louait. Elle se posta alors approximativement devant sa fenêtre pour l'attendre. Quelques minutes plus tard, sa meilleure amie déboulait devant elle. Luaine ne put s'empêcher de rire de bon cœur tandis que celle-ci la saluait en lui reprochant gentiment de s'être installer chez Elijah. Elle serra affectueusement son amie contre elle, quelque peu gêner pour son ventre protubérant, avant de sourire. -Que veux-tu... C'est dur de s'en lasser. Pour un peu, je m'installe définitivement avec lui et je ne le quitte plus d'une semelle. Je ne savais pas que tu fumais, ajouta-t-elle en jetant un coup d’œil suspicieux à la cigarette qu'L-J avait dans sa main. Elle marqua une hésita avant de continuer.-Prête... Je ne sais pas. Mes chaussures vont tenir le coup, je ne me fais pas de soucis. Par contre, moi, c'est une autre question. Elle prit soudain un air un peu plus sérieux. -Mais il faut vraiment que je me dépêche de me trouver un appart'. Avec le bébé qui arrive... Ça me dérangerait d'embêter encore Elijah avec ça. Déjà qu'une femme enceinte n'est pas facile à vivre... Mais avec un bébé. Tu vois, je t'évite le pire." Elle lui fit un clin d'œil avant de la prendre par le bras. -Un peu plus ou un peu moins, au stade où j'en suis. Tous les matins, lorsque je me regarde, j'ai l'impression de ressembler à un zombie. Mais que veux-tu. Ce sont les joies de la grossesse. Sur ce, on ferait mieux d'y aller. Je te suis, je ne sais absolument pas où nous sommes censées aller." Sur ces mots, elle s'élança vers la gauche, fit quelques pas, puis s'arrêta avant de se retourner vers Lou-June. "C'est bien par là au moins ?" Demanda-t-elle en riant.

Spoiler:

«Tout le monde a un ami à chaque étape de sa vie,
mais seulement quelques personnes ont le même ami à toutes les étapes de leur vie».

careymulliganspai et unknow@tumblr

Luaine n'osait pas vraiment le faire remarquer, mais les commentaires sur son étrange collocation la blessait profondément. Principalement parce qu'elle avait conscience d'avoir fait de la peine Lou en s'installant chez un parfait inconnu. Elle-même ne se l'expliquait pas. Elle était arrivée en ville, un soir, dans un endroit qu'elle ne connaissait absolument pas. Elle aurait pu appeler son amie mais son portable avait grillé, de sorte qu'elle se retrouvait complètement perdue. Alors forcément, lorsqu'Elijah lui avait provisoirement proposé un toit, elle avait sauté sur l'occasion. Et voilà le résultat. -J'essaye simplement de t'éviter les tracas quotidiens qu'on vit avec une femme enceinte. Comme une bonne amie. Si tu me voyais certains jours... Je deviens une véritable furie. Ce n'est pas beau à voir. Évidement, après avoir retrouvé Lou-June, la jeune femme aurait très bien pu s'installer chez elle le temps de trouver un appartement. Mais elle avait horriblement peur que ses sautes d'humeur de femme enceinte la rende antipathique aux yeux de son amie. -Mais si tu as besoin d'aide, je serais toujours là, s'empressa-t-elle d'ajouter. Elle laissa échapper une légère quinte de toux tandis que Lou écrasait sa cigarette du bout du pied. Luaine se doutait bien que ce n'était pas la première de la journée mais eue la délicatesse de ne pas le faire remarquer. Elle la regarda se frotter le fond, visiblement soucieuse. -Tant que tu es là pour l'accouchement et que tu es prête à endosser le rôle de future marraine, je te fais confiance. Enfin, si tu es d'accord bien sûr.

C'était la petite surprise de la journée. La jeune femme en avait bien conscience, elle n'avait pas vraiment demandé son avis à son amie, mais elle croisait les doigts pour que celle-ci accepte. Luaine était plus ou moins seule ici. Son petit-ami l'avait quitté, sa famille vivait en Irlande et ne voulait plus entendre parler d'elle... Bref, qu'adviendrait-il de son bébé si jamais il lui arrivait quelque chose ?  Elle préférait prévoir. -Tu auras du mal à me porter je pense. Mais tu pourras toujours me faire rouler. Elle étouffa un rire avec sa main gauche lorsqu'une phrase heurta ses oreilles. [...] Finira par te jeter. Jeter. Jeter. Jeter. Les mots semblaient résonner dans la tête de la jeune femme, trouvant écho dans ses souvenirs. Jetée par sa famille. Jetée par son fiancée. Elle s'immobilisa quelques instants, le regard perdue, ressassant encore et encore ce mot dans sa tête. Elle ne supportait pas l'idée de vivre cela une seconde fois. Plongée dans ses pensées, elle ne refit surface qu'en sentant une main se poser sur son ventre. Elle secoua la tête de gauche à droite, comme pour fixer sa pensée, avant de reprendre. -J'escompte bien que tu la rencontres, cette petite chose ! La prochaine fois, se sera toi, tu verras. Elle lui fit un clin d’œil avant commencer à marcher. Elle n'avait fait que quelques pas lorsque Lou la prise par le bras pour l'entrainer dans l'autre direction. Visiblement, son sens de l'orientation était définitivement inexistant. -Je ne te le fait pas dire. Mais bon, tant qu'il est bien installé. A vélo, on risquerait de tomber. Remarque, ça pourrait être amusant...

Le premier appartement n'était pas très loin. De l'extérieur, il semblait plutôt engageant. -La semaine dernière ?! Tu avais tout prévu dit moi. Elle la regarda farfouiller dans son sac avant d'en sortir le précieux carnet. -Ça m'a l'air pas mal tout ça. Voyons voir ce que ça donne à l'intérieur. Luaine avait remarqué la gaffe de son amie. Ne sachant pas trop qu'elle attitude adopter, elle lui prit la main et la serra fortement avant de lui sourire. Elle voulait lui qu'elle serait toujours là pour elle, peut importe ce qui pouvait se passer.. Et qu'elle casserait la figure à la première personne qui l'embêterait (là, c'était plutôt ses hormones qui parlaient). -Attends, l’appartement au deuxième ?! Elle marqua une minute de pause. J'ai compris ton stratagème. Tu veux me tuer en fait, avoue ! Elle éclata de rire. -Ne t'en fais pas, j'en ai encore pour un mois... En temps normal.

Les escaliers se révélèrent être une véritable épreuve pour la jeune femme. Avec son dos en compote et ses jambes qui avaient du mal à la porter, arriver devant l’appartement promit relevait du miracle. Elle s'accorda une petite minute pour reprendre sa respiration puis elles s'engouffrèrent dans l'appartement. -Dites donc, ce n'est pas la grande joie ici. Luaine était d'une franchise à toute épreuve, et elle avait du mal à comprendre comme quelqu'un pouvait vivre ici. Cet endroit, pour son bébé, c'était la mort assurée. Vous êtes sûr qu'il est conforme aux normes d'hygiène au moins ? Demanda-t-elle au propriétaire. Voir celui-ci s'éloigner fût d'un grand soulagement pour elle. Il lui était clairement désagréable. -J'aime bien la première solution, répondit-elle en souriant. Bon maintenant, il s'agit de s'enfuir en catimini. C'est dommage, la rue était sympa.

Après avoir quitté le premier appartement, visiblement complètement insalubre, les deux jeunes femmes déambulèrent dans les rues en direction du centre ville. Luaine avait passé son bras sous celui de Lou-June, attendant la suite du programme. Apparemment, son amie voulait l'emmener dans une agence immobilière. -Pour tout te dire, je n'aurais rien contre un petit thé, tient. Elle salivait rien que d'y penser. Et puis je ne pourrais pas dire non à des croissants au beurre. Tiens, il y a un café ici ! Au coin de la rue. Les deux jeunes femmes le rejoignirent posément. Tu n'as qu'à t'asseoir sur la terrasse, je vais commander. C'est moi qui t'invite, histoire de te remercier d'avoir accepté d'écumer les agences immobilières avec moi aujourd'hui. Elle disparut dans le café avant de revenir, quelques minutes plus tard, avec un plateau bien garnit qu'elle déposa sur la table. -Là au moins, tu as de tout. Elle attrapa un gobelet qu'elle tendit à Lou. -Et un grand cappuccino, un. J'ai aussi pris des viennoiseries et des cookies. Fais-toi plais'. Elle sirota son thé glacé tout en profitant du doux soleil qui brillait. -Alors, qu'elle est la suite du programme ?