« Papa !! » Grace criait sans retenue comme si c'était la seule chose qu'elle avait encore la force de faire. Elle se débattait mais ne pouvait rien faire face aux bras musclés de son beau-père. La petite fille se secouait, s'agitait, pleurait et hurlait en tendant les bras vers Robin. Elvira se contentait de lui dire de se taire, énervée et exaspérée par les gémériades incessantes de sa fille. « T'as pas le droit de faire ça, Elvira, t'as pas le droit ! » La femme sourit. « C'est au juge de décider si je peux le faire, et il a choisit de me confier la garde de ma fille. Avec moi, elle n'aura pas besoin de bouffer des céréales tous les jours, parce que moi, tu vois, j'ai du fric à en revendre. » L'homme n'osait plus répondre, parce qu'au fond, il savait qu'elle avait raison. Et pourtant, il ne pouvait s'empêcher de penser que Grace serait plus heureuse avec lui qu'avec cette femme qui ne l'a jamais aimé, si tant est qu'elle l'ait vraiment souhaité. Robin était assis par terre en voyant le nouveau mari d'Elvira attacher la ceinture de sécurité de sa fille. Il pleurait lui aussi mais ne pouvait rien faire, le juge avait tranché et il ne voulait pas tenter le diable pour se retrouver avec encore moins de possibilités de visite. Mais comment pouvait-elle oser faire ça ? Elle l'avait abandonné et aujourd'hui, elle la voulait ?! C'était totalement incensé et il en était sûr, il allait retrouver Grace. Il serait même près à devenir vil et vicieux pour la récupérer.
Alors qu'il continuait de pleurer le départ de son rayon de soleil, il ouvrit les yeux et se réveilla. « Papa ! Réveille-toi !
       - Mon dieu, mon cœur, tu es là. »
Il l'enlaca et la fit monter sur son lit. « Je t'aime, Grace.
       - Moi aussi P'pa ! »
Il lui sourit et passa une main dans ses cheveux. « Dis-moi, pourquoi tu veux tant que je me réveille ? On est pas en retard à l'école, si ?
       - Mais non ! Tu te rappelles pas, tout à l'heure on va au parc avec Lou-June !
       - T'en fais pas ma belle, on a encore le temps, il est que... »
Robin tourna la tête vers son réveil et s'aperçut soudain qu'il était bien trop tard. « Oh pu... Allez, hop hop hop, on y va ! »
Malgré sa panique, il restait souriant et la petite riait aux éclats en voyant son père s'affairer à toute allure, balayant la couette par dessus elle.

En à peine vingt minutes il s'était occupé de Grace en la douchant, l'habillant, la coiffant et en lui donnant à manger. Il prit dix minutes de plus pour faire de même avec lui en sautant la dernière étape. Il était presque treize heures quand ils partirent de l'appartement pour aller chercher leur amie qui heureusement n'habitait pas loin. Finalement, Robin laissa sa fille toquer à la porte. En l'ouvrant, l'occupante de s'attendait pas à voir une petite fille se précipiter dans ses jambes. « Salut salut ! » Le jeune père avait un grand sourire au lèvres en voyant sa fille aussi contente. Il faut dire qu'ils aimaient tous les deux Lou-June, qui dès leur arrivée s'était montrée très sympathique et d'une aide précieuse. Robin était sûr qu'elle était la baby-sitter préférée de Grace. « J'espère qu'on est pas en retard, je viens à peine de me lever. Hier soir le bar était blindé, j'te dis pas, j'étais claqué en rentrant. Mais heureusement, j'ai mon petit réveil », dit l'homme en chatouillant la blondinette. « Dis, ça te dérange de m'offrir un café avant qu'on parte ? » Finalement, il oublia le principal. « Mais au fait, je parle que de moi et de ma princesse. Comment tu vas, toi ? »

© charney