- You got me under your spell -

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Sa voiture avançant au ralentit, Mason scrutait les appartements dans la résidence, espérant voir un signe de vie. Rentrant d’une longue journée de travail, il s’était accordé un petit détour de plusieurs pâtés de maison en rentrant chez lui. Il apperçu enfin l’appartement d’Aubrey et remarqua tout de suite la lumière. Il serra ses mains sur le volant. Il continua doucement sa route et gara sa voiture sur le bas-côté quelques mètres plus loin dans la rue. Cela faisait plusieurs jours qu’elle ne répondait plus à ses messages. Mason en devenait complètement fou. Lui qui d’habitude se souciait peu de son téléphones et des gens qui essayait de le contacter, il était resté pendu à ce dernier des jours dans l’attente d’une réponse. Un simple non lui aurait suffi. Va te faire foutre également. Mais ce silence radio le rendait malade. Il avait l’air d’un drogué, il ne dormait plus, la mine grise, sa conscience le rongeait petit à petit, mais il fallait qu’il la voie. Plongé à corps perdu dans cette aventure, il jouait à un jeu dangereux où tout ceux inclus risquait d’y perdre beaucoup. Putain Mason, pour qui est-ce que tu t’es pris ? Tu penses continuer combien de temps encore avec ton petit jeu à la con ? Non, il n’avait pas la conscience tranquille. Mais il fallait qu’il la voit, qu’il la prenne encore une fois dans ses bras, qu’il goûte ses lèvres, sente sa peau si douce et chaude contre la sienne. La dernière fois qu’ils s’étaient vus, Aubrey l’avait foutu à la porte suite à une énième engueulade. C’était toujours comme ça, ils se voyaient, se quittaient, mais se retrouvaient à chaque fois. Il ne pouvait lui échapper, envoûtante, elle avait un pouvoir sur lui qui lui faisait perdre la raison. Il arrêta le moteur de sa voiture et resta assis un moment, seul face à ses pensées. Il baissa légèrement la vitre de la voiture et alluma sa cigarette. Sa femme détestait quand il fumait dans la voiture. Aubrey détestait quand il fumait tout court. Il sortit son portable, dans l’espoir d’y voir un nouveau message de la part de la belle blonde. Rien. Néant. Elle avait été claire Mason non ? Elle avait dit qu’elle ne voulait plus te voir, pourquoi est-ce que tu t’accroches ? Parce qu’il y avait une raison de s’accroche peut être ? Depuis le premier jour c’était comme cela que ça marchai entre eux. Ils s’engueulent un jour pour mieux se retrouver le lendemain. Alors qu’avec sa femme, chaque dispute l’éloignait un peu plus. Mais au fond il l’aimait. Il les aimait. Il jeta sa cigarette et se décida enfin à sortir de sa voiture. Portant encore son uniforme de la force de l’ordre, des regards indiscret n’auraient pas eu beaucoup de mal à le reconnaître, mais à vrai dire, il s’en fichait. Connaissant la résidence par cœur, il monta rapidement les escaliers 4 à 4 pour arriver à l’appartement d’Aubrey  Une fois arrivé devant la porte, il frappa vivement sur celle-ci, et lança d’une voix forte : « Aubrey ouvre cette porte, je sais que tu es là ! ». Et si elle n’ouvre pas, t’y as pensé ? Qu’est-ce que tu vas faire ? Retourner auprès de ta femme ? Tu n’es qu’un moins que rien, Mason.

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Si la journée n’avait pas été particulièrement longue, elle n’en avait pas moins été éprouvante et Aubrey se satisfaisait à l’idée de retrouver le calme de son appartement. A peine entrée, elle avait balancé ses affaires en vrac sur le comptoir de la cuisine, prenant soin de ne pas sortir son téléphone enfoui dans son sac. Mason avait tenté de la joindre plusieurs fois ces derniers jours et elle ne lui avait toujours pas répondu. Peut-être que c’était ça la solution. Peut-être qu’en l’évitant, il finirait par se faire une raison et elle finirait par l’oublier ? Elle avait été assez naïve pour le croire. Elle s’était dit que les premières heures, les premiers messages ignorés seraient les plus difficiles. Mais, il avait été insistant et son self contrôle quasi-inexistant avait été mis à l’épreuve plus que jamais. Le pire, c’était que même lorsqu’il n’envoyait plus rien, elle ne se sentait pas apaisée et se demandait s’il avait déjà abandonné. Elle était devenue un vrai paradoxe ambulant. Alors qu’elle s’apprêtait à verser du lait dans le bol de céréales qui lui servirait de repas, une brusque frappe à la porte la stoppa net dans ses mouvements. « Aubrey ouvre cette porte, je sais que tu es là ! » Mason. Merde. Merde. Merde. C’était à peu près tout ce à quoi elle pensait, sa bouteille à la main et ses yeux fixés sur l’entrée. Si ignorer ses appels s’était avéré plus complexe que prévu, elle ne savait pas vraiment si elle était prête à se retrouver face à lui. Sauf que ses poings sur la porte se faisaient plus pressants et qu’elle n’avait plus le choix si elle ne voulait pas se faire remarquer dans l’immeuble. En quelques secondes, elle était devant lui.

« Entre. » Ses yeux n’avaient pas le temps de croiser les siens qu’elle l’invita à l’intérieur de l’appartement. Elle n’avait aucune idée de la conversation qu’ils étaient sur le point d’avoir, mais elle n’avait aucune envie qu’elle se fasse en plein milieu de son hall d’entrée. Elle referma la porte et se plaça à l’exact opposé de lui, reposant son dos contre le mur de son salon. Ses bras croisés sur sa poitrine lui donnaient un semblant d’assurance alors qu’elle posait son regard sur Mason pour la première fois en deux jours. Il portait son uniforme, le même que lorsqu’il l’avait arrêté plusieurs mois auparavant pour un stupide feu arrière cassé. Mais son teint était plus pâle que d’ordinaire et les poches sous ses yeux indiquaient clairement qu’il manquait de sommeil. « T’as une mine effroyable. » Sa remarque, qui se voulait acerbe, était finalement plus teintée de préoccupation qu’autre chose. C’était pas son rôle de s’inquiéter pour lui, surtout pas quand elle était censée mettre de la distance entre eux. Elle le savait. Il avait une femme pour ça. Pourtant, il suffisait qu’il soit dans les parages pour qu’elle envoie balader toutes ses idées préconçues. Si elle laissait son instinct prendre le dessus, elle serait déjà dans ses bras, à essayer d’aplanir le froncement entre ses sourcils et d’effacer ses cernes à l’aide de ses lèvres… Jusqu’à la prochaine dispute. C’était toujours comme ça. « Pourquoi t’es venu jusqu’ici Mason ? » Sa voix était calme, posée. Elle n’avait pas envie d’amorcer une énième engueulade. Ils avaient chacun leurs torts dans l’histoire. Elle n’allait pas prétendre ignorer le fait qu’elle n’avait pas répondu à ses derniers appels. C’était probablement injuste de couper tout contact d’un coup, tout comme il était injuste de lui faire espérer qu’il allait quitter sa femme. Alors pourquoi s’obstiner ? Elle s’était posé la question mille fois sans avoir de réponse. Du moins, jusqu’à ce qu’il l’attire à nouveau contre lui et qu’elle oublie même pourquoi elle en était venu à se poser la question.

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La porte s’était ouverte subitement. «Entre. » Elle était face à lui, encore plus belle que dans ses rêves. Il mourrait d’envie de la prendre dans ses bras, mais la façon dont elle évitait son regard lui suffit. Cela le bouffait. Cette relation le bouffait. La voir mettre cette distance entre eux le bouffait. Être loin d’elle le rendait malade et maintenant qu’il la retrouvait, elle lui imposait cette foutue distance. Mentir à sa femme tous les jours le rendait tout aussi malade. Ce n’est pas la peine de t’apitoyer sur ton sort Mason, tu t’es foutu dans cette merde tout seul. « T’as une mine effroyable. » Il sentait bien qu’elle essayait de lui lancer une pique, mais même lorsqu’elle voulait se montrer amère, sa douceur naturelle reprenait le dessus. Mason ne chercha même pas à répondre. A vrai dire, maintenant qu’il se retrouvait dans son appartement, face à elle, il ne savait plus trop quoi faire. Tu voulais la voir et après ? Tu t’attendais à quoi, qu’elle te saute dessus et qu’elle te pardonne d’être un idiot fini ? Tu rêves mon pauvre Mason. Lui qui quelques minutes plutôt était prêt à défoncer la porte d’entrée juste pour la voir, se retrouvait maintenant planté comme un imbécile au milieu de la pièce, attendant qu’elle mène la danse. A vrai dire, la voir de la sorte, se coller contre le mur le plus loin possible de lui, le déstabilisait complètement. Pourtant ça avait toujours été comme ça entre eux non ? Ils se disputent pour mieux se réconcilier après, mais il avait le sentiment que cette fois-ci, c’était différent. « Pourquoi t’es venu jusqu’ici Mason ? » Parce ne pas la voir le rendait fou ? Parce qu’elle était la seule à le comprendre ? La seule qu’il ait envie de voir ? La seule à qui il voulait parler ? La seule qu’il voulait embrasser et prendre dans ses bras ? Parce qu’il était perdu sans elle ? Parce qu’il était trop con pour lui avouer ce qu’il ressentait vraiment ? Parce qu’au fond, il était complètement paumé ? Mason avait l’embarra du choix pour répondre à cette question. Mais t’es trop fière c’est ça ? Tu ne veux pas passer pour un faible ? Mais regarde-toi, avec ton air pitoyable. Il soupira et commença à se masser la nuque. Elle le connaissait suffisamment maintenant pour savoir qu’il faisait toujours ça quand il était mal à l’aise ou stressé. « Je … ». Les mots lui manquaient. Il avança vers elle, d’un pas mal assuré. « Je ne sais pas ce que je veux. ». Parce que c’est seulement maintenant que tu le remarques Mason ? Bravo, tu fais vraiment fort. Le policier se retrouvait maintenant proche d’Aubrey, mais il gardait toujours une légère distance, n’osant pas franchir cette barrière qu’elle imposait entre eux. Tout ce qu’il voulait, c’était la prendre dans ses bras et que pendant un instant la chaleur de ses baisers lui fasse tout oublier. Il resta face à elle, raide. Les cernes sur son visage le vieillissait et rendait son regard plus dur que d’habitude. « J’étouffe.  J’ai l’impression d’être coincé dans une vie qui n’est plus la mienne. Une vie déjà toute tracée, dans laquelle je m’enfonce à 200 à l’heure sans pouvoir rien faire. Et puis, je t’ai rencontré et ... tout a changé. » Il s’arrêta un moment, l’air confus. « … et je suis totalement paumé. »